L’effet de levier repose sur un principe simple : utiliser l’endettement pour augmenter la rentabilité de son capital. En empruntant, un investisseur peut placer plus d’argent que ce dont il dispose réellement. Si le rendement de l’investissement est supérieur au coût du crédit, le levier est gagnant.
Prenons un exemple. Un investisseur place 100 000 € en bourse avec un rendement estimé à 6%. Son gain est de 6 000 €. S’il utilise un crédit lombard et emprunte 50 000 € supplémentaires, il investit alors 150 000 €. Avec le même rendement de 6%, il réalise un gain brut de 9 000 €. En supposant un coût du crédit de 3% (soit 1 500 € sur les 50 000 € empruntés), son gain net est de 7 500 € au lieu de 6 000 €.
On peut faire une analogie avec le concept de levées de fonds chez les startups. Lorsqu’une entreprise en phase de croissance cherche à accélérer son développement, elle ne se contente pas de ses ressources propres. Elle lève des fonds auprès d’investisseurs pour multiplier ses capacités d’investissement. Si l’entreprise parvient à générer une croissance supérieure au coût du capital levé, le pari est gagnant.
Comment fonctionne le crédit lombard pour créer du levier ?
Mécanisme de base
Le crédit lombard est un prêt accordé par une banque en échange du nantissement d’actifs financiers. Le montant du prêt dépend de la valeur et de la nature des actifs mis en garantie. Ce ratio, appelé Loan-to-Value (LTV), varie selon le type d’actif. Les obligations, plus stables, permettent un LTV plus élevé (jusqu’à 80%). Les actions, plus volatiles, offrent un LTV plus faible (généralement 50%).
Exemple chiffré : Investissement en bourse avec levier
Un investisseur possède 200 000 € en actions. Il obtient un crédit lombard de 100 000 € (LTV 50%). Il investit alors 300 000 € sur les marchés financiers avec un rendement estimé à 8%.
- Si le marché progresse de +8% → Gain brut : 24 000 €
- Coût du crédit (3%) : 3 000 €
- Gain net : 21 000 €
- Si le marché chute de -8% → Perte brute : -24 000 €
- Coût du crédit : 3 000 €
- Perte nette : -27 000 €
Attention : Le levier amplifie les gains, mais aussi les pertes ! Un marché en baisse peut entraîner une perte plus importante que sans levier.
Exemples de stratégies avec le crédit lombard
Investir dans l’immobilier sans toucher à son portefeuille
Un investisseur souhaite acquérir un bien immobilier. Il pourrait vendre ses actifs financiers pour financer son apport. Mais il préfère utiliser un crédit lombard. Il emprunte 500 000 € en nantissant son portefeuille boursier et utilise ces fonds pour acheter son bien.
Avantages :
- Il conserve son portefeuille et continue de percevoir ses rendements.
- Il optimise sa fiscalité en évitant la réalisation de plus-values immédiates.
Risque : Si les marchés baissent, la banque peut exiger un remboursement partiel ou vendre des titres en garantie.
Générer du rendement en arbitrant le coût du crédit
Certains investisseurs utilisent le crédit lombard pour exploiter l’écart entre le taux du prêt et le rendement d’un placement. Par exemple, un prêt à 2% est utilisé pour acheter une obligation à 5%. Le spread positif de 3% devient une source de rendement passif.
Cette stratégie est prisée par les family offices et les grandes fortunes. Elle repose sur une bonne analyse des taux d’intérêt et du risque de marché.
Sécuriser un financement temporaire (opportunité d’affaires)
Un entrepreneur peut avoir besoin de liquidités rapides pour saisir une opportunité. Le crédit lombard lui permet de débloquer des fonds en quelques jours sans vendre ses actifs. Il peut ainsi investir dans une nouvelle société, une opération immobilière ou un projet stratégique.
Cette approche est idéale pour ceux qui disposent d’un portefeuille d’investissement mais peu de trésorerie immédiate.
Les risques et précautions à prendre
Risque de « margin call »
Si les actifs mis en garantie baissent trop, la banque peut demander un apport supplémentaire ou liquider une partie du portefeuille. Par exemple, si la valeur des titres baisse de 20%, le ratio LTV devient insuffisant. L’investisseur doit alors rembourser une partie du prêt ou voir ses actifs vendus automatiquement.
Taux d’intérêt et coût du crédit
Le coût du crédit lombard dépend des taux d’intérêt. Si les taux augmentent, le coût du prêt peut dépasser le rendement des investissements. Cela crée un effet de ciseau qui réduit la rentabilité du levier. Il est important de surveiller l’évolution des taux avant d’utiliser cette stratégie.
Bien calibrer son niveau de levier
Un levier trop élevé augmente le risque de perte. Il est recommandé de ne pas emprunter au maximum du ratio LTV. Une marge de sécurité permet d’absorber une éventuelle baisse du marché sans déclencher de vente forcée.